Sally Mann (née en 1951) réalise des photographies expérimentales à la beauté obsédante qui explorent les thèmes essentiels de l’existence : mémoire, désir, mort, liens familiaux, magistrale indifférence de la nature envers les hommes. L’unité de ce vaste corpus – portraits, natures mortes, paysages et études diverses –, repose sur l’évocation d’un lieu, le Sud des États-Unis.
Sally Mann, originaire de Lexington (Virginie), a écrit voici bien longtemps sur ce que signifie vivre dans le Sud des États-Unis. S’appuyant sur un amour profond pour sa terre natale et sur une bonne connaissance de son héritage historique complexe, elle pose des questions fortes et provocantes, sur l’histoire, l’identité, la race et la religion, qui transcendent les frontières géographiques et nationales. Cette exposition, la première rétrospective majeure de cette artiste reconnue, traite de la façon dont sa relation avec sa terre d’origine a façonné son œuvre.
Organisée en cinq parties et dotée de nombreuses œuvres inconnues du public ou inédites, cette rétrospective “Mille et un passages” constitue à la fois une vue d’ensemble de l’œuvre de l’artiste sur quatre décennies et une fine analyse de la manière dont le legs du Sud, à la fois patrie et cimetière, refuge et champ de bataille, transparaît dans son travail comme une force puissante et troublante qui continue de modeler l’identité et le vécu de tout un pays.
Commissaires: Sarah Greenough et Sarah Kennel
Exposition produite par la National Gallery of Art, Washington, et le Peabody Essex Museum, Salem, en collaboration avec le Jeu de Paume, pour sa présentation à Paris. La FONDATION D’ENTREPRISE NEUFLIZE OBC a choisi d’apporter son soutien à cette exposition.
Dès les années 1990, l’artiste utilise un procédé datant du XIXe siècle, le collodion humide. Ce procédé consiste à enduire une plaque de verre d’une substance visqueuse appelée collodion. La plaque est ensuite immergée dans une solution de sels d’argent qui réagit avec les sels du collodion et devient sensible à la lumière. Contrairement aux premiers photographes ayant utilisé cette technique, Sally Mann a rapidement été attirée par les imperfections permises par ce procédé, sortes de tâches et rayures dues à de la poussière, ou encore des marbrures laissées par les produits chimiques employés.
Sally Mann a toujours affirmé l’importance de la littérature pour son art, précisant qu’il lui avait fallu réconcilier deux désirs : devenir écrivaine et devenir photographe. Ses images, à la fois transcendantes et tremblantes, intrépides et lugubres, sont comme une poésie argentique qui compose une élégie à l’héritage troublé.
Faulkner, Poe, Wordsworth, Pound – ils ont tous nourri mon travail et mes photographies sont l’hymne que leurs mots m’inspirent en retour.
Née en 1951 et originaire de Lexington (Virginie), Sally Mann a cherché toute sa vie à raconter ce que signifie vivre dans le Sud des Etats-Unis. Elle voulait capter l’oppressante chaleur du lieu, sa lumière radicale et sa pure et intemporelle beauté naturelle. S’appuyant sur un amour profond pour sa terre natale et sur une bonne connaissance de son héritage historique complexe, elle pose des questions fortes et provocantes qui transcendent les frontières géographiques et nationales.
4. Elle s’inspire de son histoire personnelle pour mieux comprendre l’histoire de son pays
Au début des années 2000, Mann entreprend une réflexion introspective, cherchant à repérer comment la question raciale, l’histoire et la structure sociale de l’Etat de Virginie ont façonné sa propre enfance et son adolescence. En effet, Sally Mann a été élevée principalement par Virginia Carter, sa nourrice afro-américaine, qu’elle surnommait affectueusement Gee-Gee. Devenue adulte, elle du faire l’épreuve du « paradoxe fondamental du Sud : qu’une élite blanche, déterminée à séparer nettement les races en public, puisse en privé fonder le fonctionnement intime de son foyer sur un effacement de cette même ségrégation ».
5. Elle prend pour modèles ses enfants
Les protagonistes de ses photographies, réalisées entre 1985 et 1991, sont ses enfants – Emmett, Jessie et Virginia –, que l’artiste nous montre parfois nus et à l’occasion accompagnés de son mari, Larry, dans l’environnement du chalet que la famille occupe l’été, au bord de la rivière. Evitant le sentimentalisme souvent associé à l’âge tendre, elle en photographie les activités et mésaventures quotidiennes, ainsi que la complexité psychologique de l’enfance. Elle crée ainsi des images qui évoquent la liberté et la quiétude de jours paisibles consacrés à l’exploration des paysages environnants le sanctuaire champêtre de la famille.